Mendelssohn est sur le toit

Ne fais pas l’imbécile, grogna Stankovsky, on ne va pas perdre du temps à prendre des mesures. On risque de rater le déjeuner, ça devient sérieux. Allez, ça se voit au premier coup d’œil, non, qui a le plus gros nez ?
— Tiens, s’exclama Bečvár, celui-là avec le béret, il a un de ces tarins. Qu’est-ce que t’en dis, Pepík ? Je lui mets la corde au cou ?

 

Mendelssohn est sur le toit,
roman tchèque de Jiri Weil,
traduit par Erika Abrams,
précédé de Complainte pour les 77 297 victimes
ISBN 9782371000766

Le livre : Un témoignage sur le ghetto de Prague, où le sarcasme côtoie la tragédie

Prague, octobre 1941. Reinhard Heydrich, protecteur de Bohême mélomane, s’évertue à déboulonner de l’Opéra la statue de Mendesshon. En vain, car personne n’arrive à identifier Mendelssohn : il n’y a pas de plaque sous les statues… en cherchant celle qui a le plus groz nez, ils tombent sur la statue de Wagner !

Ainsi commencent le récit et les malheurs des petits fonctionnaires tchèques chargés de la purification du Prague… Sauf que Heydrich a vraiment existé, il était même chargé de penser la « solution finale ». Son assassinat par un commando de résistants tchèques a déclenché une répression atroce. Jiri Weil fait partie des quelques milliers de juifs qui ont survécu : il a conçu ce livre en 1946, pour conjurer son histoire et ses années de clandestinité. Une histoire cruelle et lucide, comique et douloureuse des juifs et des nazis où, comme chez Bruno Schulz ou Edgar Hilsenrath, le sarcasme et la bouffonnerie côtoient la tragédie.

L’auteur

Jiri Weil (1900-1959), journaliste, membre du parti communiste, traducteur de Pasternak, Maïakovski et Marina Tsvetaeva, victime des purges staliniennes, est l’un des premiers auteurs à avoir évoqué le goulag. Pourchassé à la fois en tant que communiste et en tant que juif par les Nazis. Il échappe à la déportation, en faisant croire à son suicide et travaille dans la clandestinité. Les documents sur le génocide des juifs tchèques passés entre ses mains au Musée de Prague lui ont inspiré un poème en prose en forme de collage littéraire, Complainte pour 77297 victimes, traduit ici pour la première fois.

Jiri Weil est un des auteurs préférés de Philip Roth, qui aimait son ton détaché et sa simplicité désarmante.