Le Désert et sa semence

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« Sous les traits originels se générait une nouvelle substance : (…) une nouvelle réalité, délivrée de l’obligation de ressembler à un visage. »

Alors qu’ils sont en train de signer leur divorce, Aron Gageac – écrivain et homme politique argentin subversif – jette un verre d’acide au visage de celle qui a été son épouse pendant presque trente ans, Eligia, féministe engagée en politique, rivale d’Eva Perón. Leur fils Mario, vingt-deux ans assiste à la scène. Pour accompagner la reconstruction du visage, il passera deux années à suivre sa mère de clinique en clinique, jusqu’à Milan, noyant ses pensées dans l’alcool, errant dans une Italie déboussolée.

Cette histoire familiale tragique – en réalité sa propre expérience –, Jorge Barón Biza l’a transformée en fiction dans son seul et unique roman Le Désert et sa semence (il s’est suicidé peu après l’avoir achevé, en 2001), qui est le récit, lucide et sans apitoiement, d’un jeune homme en quête d’identification, à travers le visage de ses parents, aussi monstrueux soit-il.

Le Désert et sa semence de Jorge Barón Biza
Couverture et dessins de Lorenzo Mattotti
320 pages – 9782917084342- 19 €

bizaJorge Barón Biza (1942-2001) a été journaliste, correcteur, nègre littéraire, et traducteur… de Marcel Proust et de Thomas Mann entre autres. Le Désert et sa semence, qui a influencé toute la jeune génération d’écrivains argentins, est son seul roman connu à ce jour.
Et pour cause, il s’est donné la mort peu après l’avoir achevé, il y a aujourd’hui dix ans.

 

Lorenzo_MattottiLorenzo Mattotti (né en 1954) étudie l’architecture à Venise avant de se consacrer au graphisme et au dessin. Il publie ses premières bandes dessinées en France, à 20 ans. Après Monsieur Spartaco, son 1er album traduit en français (Humanoïdes associés), paraissent des albums phares comme Feux et Stigmates. Co-fondateur du collectif Valvoline, il fonde son univers pictural sur l’utilisation de pastels.

Affichiste et dessinateur très demandé par la presse (notamment le New Yorker et Vanity, pour qui il a réinterprété les modèles des plus grands couturiers), il illustre Dante (L’Enfer), Collodi (Pinocchio), Poe (Le Corbeau), Grimm (Hänsel et Gretel). Amateur d’« histoires bizarres », rejetant l’illustration pure pour se fier à l’irrationnel du dessin, il travaille sur un nombre de techniques et de supports impressionnants.

Lorenzo Mattotti était l’illustrateur idéal pour l’histoire tragique de la famille Biza, tant ses dessins oscillent entre douceur, cruauté, solitude, tendresse, représentant des êtres rêvés ou cauchemardesques bien en chair… dans un monde aux couleurs à vif.
C’est tout naturellement qu’il a retrouvé dans ses œuvres le dessin de couverture du Désert et sa semence.
 
 

« Ce livre, c’est l’histoire d’un visage. De sa destruction au vitriol, de la chimie affreuse et magnifique qu’elle opère, véritable contre-architecture de l’âme humaine : le désert. Et de sa réparation, véritable aventure artistique de la présence aux regards des autres : la semence. […] Tout cela se passe entre l’Argentine et l’Italie, au cœur des années 60 […] et se termine par une scène magnifique chez une vieille Italienne dont la conversation n’est pas sans rappeler Lévinas. »
Quentin Schöevaert, Atout Livres