Traductions

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O. P. (Ordre public)

« Auparavant, j’étais aussi prisonnier qu’un scarabée dans une poubelle. Aujourd’hui, je le suis autant que la terre sur son orbite. »

Roman espagnol de Ramón Sender
Traduit par Claude Bleton
Maquette de couverture : Sylvain Lamy
978-2-37100-026-1 – 238 pages – 18€

Années 20, à Madrid. Un vent de révolte souffle sur la Moncloa, la plus grande
prison pour hommes de la capitale. Un jeune journaliste incarcéré, double de l’auteur Ramón Sender, interroge la société, ses raisons d’enfermer et de nuire à la liberté individuelle. À travers de longues conversations, celui-ci devient l’ami du Vent, qui incarne à travers ses sifflements la colère des détenus. Syndicalistes, homicides, escrocs, ouvriers, gitans aux parlers forts en gouaille, ceux-ci se rebellent contre la rigueur des conditions de détention… une mutinerie sévèrement réprimée dans la violence par la pénitentiaire.

En s’inspirant de sa propre expérience de la prison, Ramón Sender tisse un roman à multiples facettes : tour à tour lyrique, philosophique, politique, réaliste, humoristique, parfois même théâtral, O.P. a aussi valeur de reportage.

O.P., « ordre public », deux lettres qui dénoncent la répression sous la dictature de Primo de Rivera dans les années 20 en Espagne, qui creuse les clivages au sein de la population espagnole, entre syndicalistes, anarchistes, intellectuels, politiques, membres du clergé… clivages dont on connaît le rôle dans le dénouement de la guerre civile.

Se résignant au suicide, il se pend au système de cloches de l’église, qui sonne et révèle sa cachette. Découvert, il est arrêté, jugé, condamné à mort. Mais face à son indifférence de la mort, ses bourreaux décident de suspendre la sentance tant qu’il n’aura pas retrouvé le goût de la vie.

TraductionsRamón Sender (1901-1982) est connu comme l’auteur du Requiem pour un paysan espagnol et du Bourreau affable. Journaliste anarchiste, né dans la province d’Aragon, en Espagne, il devient célèbre très jeune par ses prises de positions radicales contre les injustices : lié aux milieux anarcho-syndicalistes, il écrit des romans sur la prison, les ouvriers, les erreurs judiciaires…

Marqué à vie par la guerre civile, où il perd sa femme et son frère – exécutés par les phalangistes -, il s’exile au Mexique, puis aux Etats-Unis : il ne cesse plus d’écrire, laissant plus de 60 romans (dont seulement 10 traduits en français). Des textes atypiques aux thèmes universels : les hasards et la vérité de la vie, la sincérité des êtres, la violence des sentiments, les rêves et les illusions, les contrastes sociaux…

Totalement oublié pendant la période franquiste, durant laquelle ses œuvres sont censurées, il meurt en Californie, en 1982. La plupart de ses livres transposent des épisodes de la guerre civile, en dépeignant l’étrangeté et la complexité des caractères humains dans un monde nimbé de mystères.

claude_bletonClaude Bleton est né en 1942 : à l’école, il apprend des tas de choses à ses profs, puis il devient prof lui-même, et les rôles s’inversent.
En 1990, il quitte l’école pour ne pas y mourir. Et se consacre depuis à plein temps à la traduction.
Créateur de la collection “Lettres hispaniques” chez Actes Sud, qu’il dirige de 1986 à 1997, directeur du Collège International des Traducteurs Littéraires à Arles (1998-2005), il a également écrit et publié Les Nègres du traducteur (Métailié, 2004), Vous toucher (Le Bec en l’air, 2007) et Broussaille (Le Rocher, 2008).
Il a traduit entre autres : Manuel Vázquez Montalbán, Zoé Valdès, Torrente Ballester, Karla Suarez, William Ospina, Muñoz Molina, Martín Gaite, Arnaldo Calveyra, José Manuel Fajardo, Juan Gabriel Vásquez…
Sa première traduction était L’Empire d’un homme de Ramón Sender (Actes Sud, 1985 ; Attila, 2011).

« Un roman hors du commun sur le milieu carcéral dans lequel Ramón Sender décrit avec subtilité la lutte que se livrent coercition et liberté. »
Roland, Gibert Joseph (Vaux en Velin)

Sur la cellulose

« Toute la cruauté d’une époque est mise à nu par Sender. Le poids de l’église, la toute puissance de la direction de la prison, la bêtise et la méchanceté des gardiens. O. P. est réédité aujourd’hui pour notre plus grand bonheur par les éditions Nouvel Attila dans une très belle maquette. »
Le Combat syndicaliste

Sur la toile

« Nous sommes dans une écriture à la Paul Morand, un discours, une investigation journalistique digne d’Albert Londres. Roman présentant différents prismes, il se décompose à l’image d’un feuilleton. On y perçoit initialement un certain lyrisme empreint d’allégorie. Puis le texte s’infléchit vers une trame sociologique, politique et décrivant les classes de cette société balancée dans les cordes d’un état sans voix, aux prises avec le despotisme et l’asservissement des pensées. »
Etienne Bouchon, Nyctalope.com

« Portrait de l’univers carcéral espagnol sous la dictature de Primo de Rivera, O. P. (Ordre Public) tressaille sous les bourrasques de la prosopopée filée, séditieuse et subversive qui unit l’intérieur et l’extérieur de la prison, porte la voix de la révolte et de la colère, dénonce l’injustice, provoque les détenus et les confronte à eux-mêmes. L’on y retrouve avec bonheur l’écriture très visuelle de Ramón Sender, militante et poétique. »
Lou Darsan, Un dernier livre avant la fin du monde

« Entre le tyrannique « Ordre Public » et « l’ordre universel » des libertaires, le monde est scindé en deux. L’écriture est évocatrice, colorée, puissante, mêlant lyrisme et tragique, imprégnée de réalisme magique. »
Thierry Guinhut