Vingt minutes de silence

 
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« Tout est phénoménal.
Les habitants, les revolvers, les voyages
et les livres. »

Villa cossue du bord de la Manche. Un homme est mort à l’issue d’une randonnée en auto, d’une balle de son propre revolver, qu’il tenait des Allemands. Dans cette famille, le père a un coffre-fort, une clé anglaise, une bougie, et une bonne qui s’appelle Rose. Le fils a une balançoire, un jeu de croquet, un loden, une auto.
Dans cette famille, certains lisent des romans policiers pour s’endormir (le père), d’autres au lieu de dormir (le fils), d’autres dans la solitude des femmes mal mariées (la mère). Tout peut basculer, à commencer par ce décor et ces personnages, plus factices qu’il n’y paraît.

Vingt minutes de silence, c’est le temps qu’il a fallu à la famille pour prévenir le médecin après la mort de leur mari et père. S’inspirant d’un fait divers réel, l’auteur préféré de Raymond Queneau et de Marguerite Duras bâtit un univers sans réelle intrigue, comme elle seule sait en créer.
Ici, le criminel, c’est l’écrivain, qui s’attaque au genre du roman policier en détournant l’enquête. Le mystère est partout, l’étonnement du lecteur aussi. Et tout devient suspect.

Texte d’Hélène Bessette
Début des œuvres complètes d’Hélène Bessette
Couverture de Dominique Bordes
979-10-95244-22-6 – 176 pages – 17€
Sortie mai 2017

 
 

 
Hélène Bessette (1918-2000) a publié 13 romans chez Gallimard entre 1953 et 1973, gagné le prix Cazes en 1954, été à deux reprises en lice pour le prix Goncourt et le prix Médicis. Acclamée par plusieurs auteurs et critiques renommés, cette écrivaine majeure reste encore aujourd’hui étrangement peu connue. Ses romans avant-gardistes mettent à mal les codes narratifs traditionnels. En plus de son œuvre romanesque, elle a tenu une série de journaux et d’œuvres autobiographiques dans lesquelles elle analysa ses influences littéraires, de Chandler à la poésie aborigène, et la souffrance causée par l’absence de reconnaissance qui la mena au bord
de la folie.
Cet oubli injustifié fut comblé par l’éditrice et écrivaine Laure Limongi, qui a publié sept romans d’Hélène Bessette aux Éditions Léo Scheer : Le Bonheur de la nuit (2006), MaternA (2007), Suite suisse (2008), Ida ou le Délire (2009), La Tour (2010), Si (2011), N’avez-vous pas froid (2011), tandis que Julien Doussinault lui a consacré une biographie, la première, en 2008.
Le nouvel Attila va publier dans son label Othello l’œuvre intégrale d’Hélène Bessette, qui donne à voir un monde intime, personnel et puissant, à l’image des hommes et des femmes qui y vivent.
 
 

 
“Plutôt que de détricoter ou d’exploser, Bessette va inoculer une métrique libre, voire libertaire, dans la narration, et inventer la théâtralité de l’écriture narrative. […] Comme si elle créait de toutes pièces une sorte de médecine légale narrative, mais en faisant de l’autopsie la véritable scène du crime.”
Claro, Le Clavier cannibale

“Hélène Bessette fait s’articuler de façon troublante tous les liens qui peuvent s’élaborer dans une cellule familiale, vite rapprochée à une cellule de prison. Le texte joue avec nos attentes de lecteur de roman policier, mais ce qui fait la force de ces vingt minutes de silence, c’est la langue, l’écriture de Bessette, l’humour avec lequel elle orchestre tout cela.”
Nikola Delescluze, Paludes

“Hélène Bessette écrit du bout de ses ailes d’ange gardienne, la plume posée sur l’épaule de son héros, un garçon de 15 ans qui a tué son père. Elle plaide le droit du garçon à choisir de passer le restant de son existence sans aimer. Elle peut lui faire prendre le risque de l’atrophie apparente des sentiments, puisque son écriture est un cœur qui bat à grand fracas pour deux, pour dix, pour cent.”
Marine Landrot, Télérama

“On est portés par l’œuvre, méconnue et géniale, de ce grand nom de l’avant-garde littéraire des années 50 et 60.”
Emmanuelle Bosc, Grazia

Vingt minutes de silence, initialement paru en 1955, est un polar singulier, qui manipule de façon obsessionnelle les pièces d’un puzzle familial taché de sang. Mais c’est tout sauf un inoffensif exercice de style.”
Grégoire Leménager, L’Obs

“Prenez un Cluedo, secouez-le dans tous les sens. Vous obtenez un roman policier déroutant. Vingt minutes de silence fait le procès subtil et cinglant d’une société encore marquée par la collaboration et condamne l’hypocrisie des mœurs bourgeoises.”
Elisabeth Philippe, Le Monde des livres

“D’un fait divers, Hélène Bessette va faire un théâtre de littérature, une pièce d’avant garde où la vérité se décline au pluriel.”
Aurore, Un dernier livre avant la fin du monde

“S’il y a un assassin dans ce livre, c’est bien elle, Hélène Bessette : elle flingue le vieux monde sans faire de quartier, étrillant aussi bien le modèle hypocrite de la famille traditionnelle que les règles figées du genre romanesque.”
Elisabeth Philippe, France musique

Vingt minutes de silence prétexte le roman policier pour assassiner le convenu, brouiller les limites des genres, flouer les frontières de la littérature et celles des êtres.”
Lou Darsan, Lou et les feuilles volantes

“Dans ce livre étrange (roman, récit, témoignage), l’auteure déconstruit la norme narrative d’un genre mineur (le roman policier), et fait vaciller nos certitudes.”
Véronique Pittolo, Poezibao

“Derrière un pseudo-roman policier se dissimule un roman de mœurs qui raconte le sordide d’une famille en désamour. Le sujet est sinistre, le style jouissif et inventif et le ton caustique.”
Tête de lecture